«L'homme du XIXe affronte la vie, et se compose avec elle comme force du carbone
Mais quand les forces de l'homme se composent avec celles du silicium, qu'est-ce
qui se passe, et quelles nouvelles formes sont en train de naître ?.»
Gilles Deleuze. Pourparlers.
Le cyberespace est devenu terrain d'étude. Le terme est né à la fin des années quatre-vingt sous la plume d'écrivains de science-fiction.
William Gibbson1 pose le cyberespace comme « une hallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d'opérateurs, dans tous les pays.(...) Une représentation graphique de données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain »2. Le Petit Robert définit le cyberespace comme un « ensemble de données numérisées constituant un univers d’information et un milieu de communication, lié à l’interconnexion mondiale des ordinateurs ». L'usage en consacre l'emploi3. L'Unesco, par exemple, décrit son projet Babel comme étant destiné à soutenir : « la création d’un cyberespace linguistiquement et culturellement (...) diversifié »4. Etonnante mutation ! Certes, le milieu de l'informatique en général, et celui de l'Internet en particulier, sont friands de métaphores, mais celles-ci sont, en général, issues du monde sensible (la toile, la souris, le navigateur, etc.). Il n'y a guère d'exemples d'utilisation de métaphores qui ne fassent pas immédiatement sens auprès du plus grand nombre.
Je me propose d'envisager comment le choix d'un concept de fiction pour désigner un univers numérique, lui même qualifié de « virtuel », peut influer sur les représentations sociales. J'esquisserai un statut de l'imaginaire en étudiant comment le concept de cyberespace joue entre le réel et l'imaginaire. J'envisagerai ensuite de quelle manière l'imaginaire opère dans les représentations de la ville. Enfin j'évoquerai la possibilité d'une approche géopolitique du cyberespace.
L'imaginaire
L'imaginaire : un lieu de savoir
L'imaginaire peut être envisagé comme un lieu de savoir, au sens où l'entend Christian Jacob5. La particularité de l'imaginaire est d'être, pour reprendre l'expression que Maud Mannoni6 appliquait à l'inconscient, un savoir qui ne se sait pas. L'imaginaire constitue un univers à la fois à la fois extensible et fini. Fini, en ce sens qu'il repose sur un stock donné d'éléments, et extensible, en ce que chacun des éléments de ce stock est susceptible de se recomposer avec n'importe quel autre. Le stock, invarié depuis que l'homme a, pour la première fois, eu la capacité d'énoncer, est constitué par les mythes. La capacité énonciatrice, résultat de l'acculturation, fonctionne comme un outil. L'énoncé change permettant de faire varier, jusqu'à l'infini, la représentation, le mythe, lui, demeure. Mythe et énoncé sont indissolublement liés par le désir, le fantasme, l'illusion et l'histoire. Le désir, volonté de savoir, qui pousse à la quête du mythe, le fantasme qui s'enracine dans les tréfonds de l'être jusqu'à susciter l'angoisse archaïque de morcellement, l'illusion qui instancie le mythe dans une représentation fictionnelle, l'histoire, celle du sujet comme celle de la communauté à laquelle il appartient.
Histoire et illusion sont fortement dépendantes de l'éducation, de la culture et des modalités selon lesquelles le sujet entre en rapport avec le monde. Les arts, et, plus particulièrement la littérature et le cinéma constituent de puissants vecteurs de mythes.
La création, dans la science-fiction, de milieux urbains imaginaires se situe aux confins du réel en ce sens que cette création s'appuie sur une expérience sensible de la ville et sur la connaissance des systèmes techniques. Elle pousse l'expérience sensible dans ses limites extrêmes en affirmant la toute-puissance de l'imaginaire. La science-fiction met en jeu le réel dans l'illusion fictionnelle d'une réalité virtuelle qui, à l'inverse de ce qui opère dans la littérature romanesque moderne et post-moderne, française tout particulièrement, n'a pas vocation identitaire mais constitue plutôt un miroir de l'altérité. La science-fiction c'est une tentative permanente de passer de l'autre côté du miroir. Etudier le cyberespace dans les représentations qu'en donne la science-fiction est, en cela, moins éloigné qu'il n'y paraît d'une étude de usages des dispositifs de traitement de l'information
Imaginaire et angoisse
Le fantasme porte en lui le risque du passage à l'acte. Passer à l'acte c'est inévitablement prendre le risque de voir se rejouer, en vraie grandeur, l'Orestie. L'angoisse signale l'imminence de ce danger. Elle joue le rôle d'un avertisseur. L'angoisse fonctionne ainsi en processus de défense. La palette de ses manifestations est large. La science-fiction sollicite ce ressort en jouant principalement sur deux de ses dimensions : l'angoisse dépressive et l'angoisse de mort. L'angoisse de mort, celle qu'active la science-fiction de la mouvance cyberpunk, est une angoisse de nature psychotique directement liée à l'angoisse de morcellement. Le psychotique est terrorisé par la menace d'annihilation dont le morcellement est le vecteur. C'est une angoisse de régression vers la toute petite enfance. Lire un roman comme Neuromancer avec la grille de la nosologie psychotique permet d'éclairer d'un jour particulier l'imaginaire fictionnel, en partie inconscient, que cette oeuvre suscite chez le lecteur. L'angoisse de type dépressif se manifeste par le risque de perte de l'objet. Le thème, cher à la science-fiction, de la perte d'un monde idéal, voué à la destruction en est une représentation. Mais si cette angoisse naît de la perte, elle peut naître aussi de la permanence, comme l'indique Slavoj Zizek : « la spéculation sur les univers possibles se situe toujours à l'arrière plan du fait brut de l'existence réelle »7.
L'angoisse est consubstantielle au genre littéraire qu'est la science-fiction. La science-fiction participe en cela de l'expérience sensible qui naît du rapport au monde.
Imaginaire et création
L'imaginaire, lieu de savoir, fonctionne comme la fabrique des images, des représentations, de visions par lesquelles un individu ou un groupe exprime sa façon de concevoir sa relation à l'altérité et au monde. L'énonciation – par le langage – intervient ici, selon l'expression de Jacques Lacan, comme un « mot de passe », un geste de reconnaissance, un signe d'appartenance à un certain espace symbolique. L'imaginaire réfère, en ce sens, très directement à la culture avec une force que souligne Gaston Bachelard lorsqu'il déclare : « Notre appartenance au monde des images est plus fort, plus constitutif de notre être que notre appartenance au monde des idées »8. La science-fiction réfère à deux cultures : celle du continent nord américain et celle de l'informatique. Cela explique sans doute, comme le note Henri Desbois, qu'en France, en particulier, « la science-fiction, comme genre littéraire, ne touche qu'un public relativement modeste ». L'écart culturel est souvent majoré par les difficultés de la traduction. Dans Neuromancer, par exemple, William Gibbson a choisi de nommer la ville « the Sprawl ». Ce terme fait immédiatement image pour un anglo-saxon dans la mesure où il appartient au vocabulaire courant. « To sprawl » signifie s'étaler (dans tous les sens), se vautrer et, par extension, ramper. La substantif, « a sprawl », désigne à la fois l'attitude (affalée) et l'extension urbaine. La traduction française9 « Conurb » est un néologisme, abréviation du mot « conurbation », terme savant, d'apparition récente dans la langue française (192210) qui désigne « une vaste agglomération de plusieurs centres urbains avec leur banlieue »11. De l'anglais au français la puissance métaphorique s'estompe. Or une des qualités propre de la science-fiction comme le note Serge Lehman12 est de créer des métaphores réifiées à partir d' « hypothèses sur le monde dans le langage ». Les mondes mentaux reflètent, en fin de compte, par métaphore, les processus de création et de lecture de la fiction. Rêver n'est-ce pas déjà créer un monde fictif qui ne demande qu'à être écrit ? Comme l'écrit encore Serge Lehman « nous sommes désormais seuls ingénieurs de nos propres rêves »13
La ville
Henri Desbois propose d'étudier le cyberespace « en tant qu'une des figures de l'imaginaire urbain contemporain »14 dans la mesure où la ville en est le paysage privilégié.
Une ville est un objet et un espace qu'on peut lire et interpréter de différentes façons. Inévitablement, chaque image ou chaque texte qui présente une ville dit beaucoup sur la façon dont elle est perçue et pensée. La ville est, depuis longtemps, et particulièrement depuis la fin du XIXème siècle, élément essentiel de la création artistique. Dans la littérature, sans qu'il soit question de dresser un inventaire exhaustif, les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1782), Notre Dame de Paris de Victor Hugo (1831), Le Père Goriot ou Le curé de Tours de Balzac (1843), Au bonheur des dames, Le ventre de Paris d'Emile Zola (1873), Le paysan de Paris d'Aragon (1924), L'âge de Raison de Jean-Paul Sartre (1945), mais aussi Baudelaire, Appolinaire, Marcel Proust puisent dans l'imaginaire de la ville. Le cinéma quant à lui est né dans la ville. Le premier film (1895) est La sortie des usines Lumière , à sa suite nombre de films prennent la ville pour décor. Certains d'entre eux transcendent le décor pour donner de la ville une interprétation. La représentation de la ville dans Le jour se lève (Marcel Carné 1939), Les Portes de la nuit (Marcel Carné 1946) ou Les Amants du Pont-Neuf (Leos Carax 1991) entretiennent avec la réalité de la ville des rapports au moins aussi éloignés que ceux que l'on observe dans Metropolis (Fritz Lang 1927) ou Blade Runner (Ridley Scott 1982). Leurs représentations communes sont celles d'une ville à la fois réelle et illusoire.
Dans la science-fiction de la mouvance cyberpunk, la ville, souvent Los Angeles ou Tokyo, possède une réalité mythique et vit dans ses espaces intersticiels : son « tiers-monde » intime, l'industrie du spectacle, l'économie de la drogue, la main-mise des capitaux multinationaux, les gangs, la répression policière. Sur ce mythe, le plus souvent, se met en place comme un emboîtement : la foule et sa logique de négation de l'être humain, la drogue comme échappatoire à la situation, l'amour comme dernier noyau d'humanité mais qui est immédiatement mis en danger par le délire individuel ou la férocité de l'organisation sociale. La ville des romans de science-fiction est celle de la rupture avec le romantisme : mégalopolisation, planétarité, entropie urbaine incontrôlable, déliquescence des infrastructures publiques. En outre les deux mégalopoles, Los Angeles et Tokyo, comme l'Istambul de Neuromancer, vivent sous la menace tectonique, la faille de San Andreas pour l'une, la fosse des Kouriles pour l'autre. Ce sont, au réel, deux métropoles quotidiennement menacées. Refoulé, le romantisme fait retour au travers de la ville friche (celle de Ian Banks15 par exemple) ou de la ville marine (celle de Waterworld de Kevin Reynolds). La Solotol de Ian M. Banks a fait le choix de s'installer dans la faille, c'est une ville canyon, capitale hypermnésique, possédant une bibliothèque riche de toute la mémoire du passé.
Dans toutes ces villes la vitalité le dispute toujours au catastrophisme et on ne peut pas manquer de faire le parallèle, en la matière, avec le film de Robert Altman, Short Cuts (1993), adaptation de neuf nouvelles et d'un poème de Raymond Carver, qui a pour cadre une Los Angelès bien réelle mais où les personnages fonctionnent selon ce même dualisme.
Le cyberespace
La science-fiction n'est pas un traité d'informatique, c'est une création littéraire enracinée dans le social, une rêverie adossée à un domaine de connaissance et à des usages.
Le concept de cyberespace est né dans la mouvance cyberpunk ainsi défini par Bruce Sterling : « Le courant Cyberpunk provient d'un univers où le dingue d'informatique et le rocker se rejoignent, d'un bouillon de culture où les tortillements des chaînes génétiques s'imbriquent ». Le cyberespace de la science-fiction c'est le passage, enfin réalisé, de l'autre côté du miroir, un espace navigable où le moment présent et sa représentation ne sont plus liés à un lieu ni même à un être matériel mais à l'intellect structuré en réseau.
Aujourd'hui le cyberespace a parcouru le chemin inverse, il a quitté l'univers de la fiction, pour revenir de ce côté-ci du miroir,. « Ubiquitous objects », « intelligent ambient », « haptic computing », « pervasive computing » sont autant de techniques qui ne relèvent plus de l'illusion fictionnelle. Adam Greenfield dans Everyware the dawning age of ubiquiting16 rassemble ces techniques sous le terme générique d'« everyware ». « Everyware » c'est le traitement de l'information embarqué dans les objets et les surfaces de la vie quotidienne mais aussi dans les individus17. Tim Berners Lee et son équipe dans « A Framework for Web Science »18 reprennent ces perspectives et proposent une synthèse mettant en oeuvre différentes disciplines scientifiques. Tim Berners-Lee appelle à la création d'un GGG Global Giant Graph19. Il retrace trois étapes dans la prise de conscience : avant même le web quand, pour la première fois les ordinateurs mondiaux ont pu être reliés entre eux, on a pris conscience que « ce n'étaient pas les câbles mais les ordinateurs qui étaient intéressants », à l'arrivée du web on a pris conscience que « ce n'étaient pas les ordinateurs mais les documents qu'ils contenaient qui étaient intéressants », aujourd'hui avec l'émergence des réseaux sociaux on a pris conscience que « ce ne sont pas les documents mais ce dont ils parlent qui est intéressant ». Tim Berners-Lee appelle à la mise en place d'« un web des données » organisé selon un Global Giant Graph.
Le cyberespace n'est pas constitué de territoires seulement peuplés de données. Il met en jeu des acteurs économiques (les entreprises), politiques (les états et les organismes de régulation) et sociaux (les utilisateurs). La représentation du cyberespace, de ce point de vue, est celle d'un monde inégalitaire : il est représenté à plus de 50% par les Etats-Unis quand l'Afrique subsaharienne ne représente que 0.4%, son réseau se déploie autour d'un hypercentre américain et 90% de ses terres sont quasiment inexplorées20.
Le cyberespace est d'abord un enjeu politique. Internet est au centre d’enjeux « géopolitiques ». Sous l’espace virtuel, perce la réalité physique des infrastructures qui le font exister. Le développement des réseaux, leur configuration, la nature et la nationalité des opérateurs économiques qui supportent les frais d’investissement, celles des fournisseurs de matériels, tout cela ne peut être ignoré. La structuration physique des réseaux et leur répartition sur la surface de la planète trouvent leur miroir exact dans la structuration et la répartition des flux de données qui signalent les usages. L'existence d'une « géopolitique » d’Internet est aussi confirmée par le fait que les acteurs qui s’affrontent dans l’arène sont les mêmes que ceux que l’on retrouve dans nombre de conflits de même nature ailleurs : acteurs étatiques d’une part, mais aussi économiques, enfin les plus actifs de ses « habitants » se considèrent, souvent, comme les citoyens d’un nouveau monde.
Conclusion
L'emploi du terme cyberespace pour qualifier un des aspects de l'Internet n'est pas nécessairement heureux. Cette métaphore étrange risque de nuire à un usage clair et conscient des dispositifs de traitement de l'information. Elle accentue les représentations magiques de ces dispositifs, à grand renfort d'images mentales issues des « blockbusters » des majors hollywoodiennes. Elle contribue à tirer les usages vers le divertissement.
A l'inverse, considérer l'Internet au prisme d'un (cyber)espace favorise un changement d'échelle. Cette approche conduit à prendre en compte la dimension géopolitique21 de l'Internet. . Les concepts de la géographie s’appliquent en effet à l’Internet. Les notions de paysage, de nœuds, de flux, d’opposition entre centre et périphérie, de réseaux y sont opérantes. L’histoire de l'Internet qui s'enracine dans la période de la guerre froide (ARPANET) montre que le réseau est d’abord un enjeu politique. Elle appelle une intervention citoyenne qui passe, en partie, par une meilleure intégration des usages.
1Neuromancer http://project.cyberpunk.ru/lib/neuromancer/ consulté le 12/12/2007
2« `Cyberspace. A consensual hallucination experienced daily by billions of legitimate operators, in every nation, by children being taught mathematical concepts... A graphic representation of data abstracted from the banks of every computer in the human system. Unthinkable complexity. Lines of light ranged in the nonspace of the mind, clusters and constellations of data. Like city lights,receding...' » Neuromancer
3la forme anglaise « cyberspace » correspond à 2,3 millions d'entrées dans Exalead, 1,7 million dans Google consultation le 10/12/2007
4Unesco Multilinguisme dans le cyberespace http://portal.unesco.org/ci/fr/ev.php-URL_ID=16539&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html consulté le 9/12/2007
5Christian Jacob et al. Lieux de savoir. Tome 1, Espaces et communautés Paris : ed Albin Michel 2007
6Maud Mannoni Un savoir qui ne se sait pas Paris Denoël 1985
7Slavoj Zizek Subversions du sujet Psychanalyse, philosophie, politique Rennes : Presses Universitaires de Rennes 1999
8Bachelard Gaston Le nouvel esprit scientifique Paris PUF 2003
9Neuromancien Paris : Ed. J'ai lu 2007 (1ère ed La Découverte 1985)
10Robert Dictionnaire historique de la langue française Paris Ed. Le Robert 2007
11Robert Dictionnaire historique de la langue française op. cit.
12Serge Lehman La physique des métaphores, Revue Europe, n° 870, octobre 2001
13Serge Lehman op. cit.
14Henri Desbois Présence du futur. Le cyberespace et les imaginaires urbains de science-fiction. Géographie et cultures n°61 2006
15Ian M. Banks L'usage des armes Paris Le Livre de poche 1996
16Adam Greefield Everyware The Dawning Age of Ubiquitous Computing Amazon 2007 consulté sur Google book http://books.google.fr/books?id=noMNgMcZvL0C&printsec=frontcover&sig=XUj3Nhxvd1a5oWQpbo_IhYGj1Ig#PPP1,M1 le 9/12/2007 une traduction française a été faite par Cyril Fiévet sous le titre Everyware la révolution de l'ubimedia aux editions FYP
17Même si l'exemple paradigmatique dans les représentations destinées au grand public est celui du « réfrigérateur intelligent » supérieurement doué pour dresser la liste des courses !
18Tim Berners-Lee and al. “A Framework for Web Science”
http://www.nowpublishers.com/product.aspx?product=WEB&doi=1800000001
19Tim Berners Lee http://dig.csail.mit.edu/breadcrumbs/node/215
20On considère que les moteurs de recherche n'indexent pas plus de 10% des pages disponibles sur Internet
21Selon le TLFI, la géopolitique est l'« Étude des rapports qui existent entre les données physiques, en particulier géographiques, et la politique des États. »
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